Nous venons tous d'assister à la victoire massive du parti de l'abstention aux élections régionales et départementales. Faut-il s'en inquiéter ou s'en réjouir ?
Oui ces résultats peuvent nous inquiéter. Voter, c'est prendre part à la vie de la cité. C'est un pouvoir qui, n'en doutons pas, manquerait, si nous en étions privés. Pour nous chrétiens, il s'agit de participer à l'édifica-tion d'un monde juste qui n'est rien d'autre que le Corps du Christ. Ce pouvoir nous est don-né par Dieu lui-même, source de tout pouvoir- Cf. Rm 13,1. Un peuple qui renonce à ce pouvoir est un peuple en perdition, qui n'a plus de repères. Il n'y a rien de pire qu'un monde sans repères. Cela devrait tous nous inquiéter.
Mais paradoxalement, cela peut également nous réjouir en tant qu'Eglise. Quand l'abstention revêt une telle ampleur, elle devient en soi un message. L'offre politique sociétale actuelle, est-elle vraiment en phase avec les attentes les plus profondes de l'humain ? Telle est la question que nous devons tous nous poser. Nous voyons bien qu'à côté de la vision officielle, au demeurant manipulable à souhait, existe une autre non officielle, incorruptible, c'est le regard du cœur. Des lèvres on peut bénir, mais du cœur on peut aussi maudire. N'est-ce pas ce qui se passe dans de nombreuses situations. On a beau inscrire la liberté de caricaturer au sommet des principes de la République, il n'en de-meure pas moins, qu'à l'évidence, personne n'aime se voir caricaturé. On peut plébisciter le mariage pour tous, il n'empêche que dans l'inconscient familial, on continue à faire la différence avec les unions d'exception ... Ce décalage ne contribue-t-il pas à faire le lit de l'abstention.
Chers amis, la vie est complexe, ce que les lèvres réclament, n'est pas nécessairement ce que la vie attend ou recherche. Scrutons davantage nos cœurs, comme le fait le Christ, pour savoir ce qui est bon pour l'homme. C'est l'enseignement du grand oral des élections.

P. Joseph